le chemin de croix de Saint-Anne d'Auray

Saint-Anne d'Auray
2018

"Sous la patte de l’artisan métallier ferronnier Philippe Bournigal de Pleucadeuc ,le chemin de croix du cloître de Sainte-Anne d’Auray entame sa restauration. Un chantier placé sous la maîtrise d’ouvrage de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) et qui concerne pour l’instant la XIe station : un monumental tableau sculpté en fonte de 2,20 par 2 mètres, d’un poids de 600 kg, représentant la mise en croix de Jésus en présence des soldats, des grands prêtres, de la Vierge Marie, de Marie-Madeleine et de Saint-Jean…

Créée entre 1900 et 1904 par les ateliers des sculpteurs statuaires Henri Bourriché et Pierre Rouillard à Angers et le fondeur Gaston Chapal, propriétaire des fonderies de Kerloc à Auray, cette œuvre d’art unique par ses dimensions et la qualité de sa sculpture avait pris place, avec les treize autres stations, dans le cloître du sanctuaire. Déposées lors de la restauration de celui-ci, en 1991, elles avaient été entreposées dans un champ, exposées aux outrages du temps et des intempéries : parties cassées, corrosion et délabrement…

Fort heureusement, les stations ont été récupérées par la municipalité de Sainte-Anne-d’Auray, soucieuse d’entretenir son patrimoine, et stockées dans les ateliers communaux dans le but d’engager leur restauration… L’intérêt artistique de ce chemin a très vite suscité l’engouement auprès de l’ensemble des partenaires concernés : la municipalité qui en est la propriétaire, la Drac, le diocèse de Vannes et l’Admas.

Une centaine d’heures de travail
La restauration de la XIe station a demandé une centaine d’heures de travail, indique Philippe Bournigal : « Il y avait une grosse fissure, des pièces manquantes, des cassures. » Un vrai travail d’orfèvre ! Il a fallu contourner une autre difficulté. « Nous avions une vision un peu compliquée de l’ensemble du décor très dégradé, dit Vincent Cherel, de l’atelier Co Réum de Bieuzy-les-Eaux. Il a fallu faire des analyses en laboratoire pour identifier les décors anciens et des essais pour se rapprocher de la teinte bronze, puisqu’il fallait un revêtement pour protéger la fonte et mettre en valeur la station. »

Pour éviter l’aspect tendu d’une peinture appliquée, tout un travail de patine et glacis a été réalisé. Une étape délicate : « C’est la station test. On y a passé plus de temps. Une fois le processus validé, ce sera plus rapide sur les autres stations », ajoute Vincent Cherel.

Bientôt exposée dans le cloître
« La Drac a pris en charge à 100 % la restauration de cette station. C’est une évidence, il faut qu’on y aille », dit Laure d’Hauteville, architecte des bâtiments de France. La restauration de la XIe station a coûté près de 6 000 € et celle des treize autres devrait approcher les 80 000 €. Aux subventions espérées (État, région, département) devraient s’ajouter les dons auxquels il sera sans doute fait appel.

Mgr Centène, évêque de Vannes, qui a découvert la XIe station restaurée jeudi matin, pourrait la bénir début juin lors de la fête du Sacré Cœur. Elle sera exposée dans le cloître de Sainte-Anne-d’Auray d’ici trois semaines. L’inauguration du chemin de croix dans sa totalité pourrait intervenir pour Pâques 2019. « Certains chemins de croix de Bretagne, comme celui de Callac, sont monumentaux, dit Mgr Raymond Centène. Mais de cette qualité et le fait qu’il soit en fonte, c’est le seul en Europe ».

Sainte-Anne-d’Auray. La restauration du chemin de croix est lancée
La DRAC à la manœuvre pour restaurer les hauts-reliefs du cloître de Sainte-Anne d’Auray